AWLT - Nouvelle Zélande
19 mai 2018Nous sommes arrivés dans l'île du sud de la Nouvelle-Zélande avec 47 jours devant nous et beaucoup d’idée de road trip en tête. Nous espérions louer un van pour vivre pleinement la vie NZ, mais les tarifs ont beaucoup trop grimpé à l’occasion de ces vacances d'été, qui plus est en période de Noël et de Nouvel An dans l’hémisphère sud. Au lieu d'un van, nous avons loué une grosse voiture, dans laquelle nous pouvions dormir si nécessaire. Heureusement, nous avions une tente, de bons sacs de couchage et des matelas avec nous. En complément, nous avons acheté du matériel de camping, table, chaise, très bon marché à la « Warehouse ».
Nous avions prévu un périple ici ou là avec des dates approximatives, mais ces plans ne cessaient de changer pour composer avec la météo, les conseils des locaux et optimiser notre motivation. Nous avons monter/démonter notre tente presque toutes les nuits ; il faut dire qu’il est très facile d’être nomade en Nouvelle-Zélande, cette dernière offrant beaucoup de terrains de camping à travers l'île et à différents budgets, parfois même gratuit. Il me faut aussi rajouter que la partie basse de l'ile Sud n'est pas très verte par le fait du hasard. Les projets nécessitent de devoir bien composer avec des pluies, peu excessives mais fréquentes, en profitant de tous les créneaux possibles, et en gardant toute sa détermination malgré les gouttes.
Il est temps de présenter Derek (Thatcher). Il est " LE " grimpeur en Nouvelle-Zélande. Il a probablement développé et réalisé les FA d’au moins la moitié de toutes les voies et blocs en Nouvelle-Zélande. Nous avons eu la chance d'établir des échanges avec lui grâce à des contacts de contacts. Il a été le meilleur e-guide et conseiller que nous puissions espérer.
Tout ce que nous pouvons dire grâce à lui : nous en avons fait beaucoup.
Bloc
Castle Hill
Dans les quelques heures qui ont suivi notre atterrissage à Christchurch, nous sommes allés à Castle Hill. C'était la deuxième fois pour moi, donc je n’ai pas eu l’effet de surprise, mais c’était la première fois pour Josh et il était assez stupéfait ! Superbe paysage dégagé, évidemment parsemé de rochers arrondis gris sur de vertes prairies et collines, stimulant l'envie de poser les doigts et chaussons sur chaque caillou ! Nous avons campé au lac Pearson et grimpé à Castle Hill deux jours, fuyant la chaleur de la journée et profitant de la fraîcheur du soir. Nous avons fait le tour de « Spittle Hill » et de « Quantum Field », que nous avons trouvé extrêmement patinés, témoignant de nombreuses années de pratique sur ce calcaire.
Flock Hill
« Flock Hill » fait aussi partie de Castle Hill. C'est le secteur où nous voulions le plus aller. Il est plus récent, demande plus de marche d’approche (40-45min) et propose beaucoup de blocs un peu plus difficiles. Alors que nous sommes arrivés le 2 décembre, nous avons dû attendre le 26 décembre pour la réouverture du site après la saison d’agnelage. Comme un cadeau de Noël, nous sommes allés à Flock le jour de sa réouverture. Nous nous y sommes rejoint avec Derek. Toute la journée il a partagé avec nous beaucoup d'histoires originales, tout en errant à travers les rochers. Nous avons passé une très belle journée avec lui, Erin et Christina, et avons terminé la journée avec une équipe de jeunes grimpeurs composée des locaux Matt, Alec et Lucas.
Le lendemain, Alec était notre guide. C’était très opportun, car il est très facile de se perdre ou de ne pas trouver son chemin. Au final, nous avons eu deux très bonnes sessions de grimpe et avons été bien chanceux avec la météo ; il faisait beau avec un ciel un peu couvert et une température autour des 15 ° C, parfait pour une bonne adhérence.Il y a tellement de lignes à grimper sur ce spot, et tout a l'air grimpé ou grimpable. Il n'y a pas encore de topo, mais on peut repérer un peu partout des taches blanches dans la roche grise. La roche porte un peu de poussière, ce qui donne la couleur grise. Dans cet état originel, le contact n'est pas très adhérent. Non seulement les locaux ne font que brosser mais ils ont également remarqué qu'après les pluies, la roche est beaucoup plus collante. A l’appui de cette observation, on reconnait donc un local parce qu'il porte un spray d'eau et lave les prises de sa ligne avant et après l'avoir grimpé.
Nous l'avons expérimenté, et en effet cela fonctionne. L'inconvénient est que tous les rochers touchés finissent par avoir ces taches blanches. En l’absence de topo, il est impossible de distinguer la différence entre une ligne référente et un projet non abouti. Cela présente donc un réel intérêt de trouver des locaux sur place.
Nous sommes revenus peu de temps après, mais nous n'avions pas les températures fraîches des premiers jours. Tout était devenu plus difficile physiquement et mentalement. La pluie s’est immiscée dans ce jeu où la frustration se conjugue à l’impatience. Nous sommes restés à l'intérieur pendant 3 jours consécutifs. Lorsque la pluie s'est arrêtée, nous sommes remontés à Flock Hill pour essayer les quelques blocs que nous avions en tête. Il faisait si chaud, l’air était si saturé d’humidité, et après tant de "grimpe dans la chaleur australienne", nous avons rapidement abandonné le caillou pour optimiser nos projets et expériences. Nous avons pensé à cet instant que nous ferions mieux d’aller dans la ville de Christchurch pour se faire quelques séances d’entraînement.
Dans le coin de « Castle Hill » et de « Flock Hill », nous avons essayé à peu près toutes les options de logement :
- Camping à Craigieburn Reserve : l'option la plus proche de Flock et Castle, mais ne présente pas trop de commodité, peu d'installations pour 8 NZ $ / personne / jour.
- Camping au lac Pearson : un peu plus loin (10min) mais c'est gratuit et c'est joli, juste au bord d'un lac. Pas d'installation en dehors d'une toilette sèche.
- Camping de Springfield : probablement notre préféré pour les petits budgets. 5NZ $ / personne / jour. On y trouve une maison avec une cuisine commune, une salle à manger et électricité, eau courante, toilettes et douches (1 $ pour 4 minutes). Le propriétaire est très sympa.
- Springfield Motel and Lodge: lors de notre dernière semaine, alors que la période de pluie nous a contraint à la promiscuité, nous voulions un peu de réconfort et être au sec. Nous nous sommes offert de payer un petit supplément (60NZ $ par jour) et de rester dans un lodge, une maison avec 4 chambres privées et espaces communs. Super confortable, immense, neuf, propre et la propriétaire est adorable.
Mont Cook
A peine arrivés en Nouvelle-Zélande, Derek nous a envoyé une carte et des photos du coin. Nous avons retenu l’option, non pas comme une destination mais comme un plan B au cas où nous aurions le temps ou l'opportunité. Après quelques jours de route le long de la côte Est, en bordure de mer, nous avons décidé de faire une boucle de 2 jours au Mt Cook pour Noël. A notre arrivée à « Mount Cook Village », le soleil est passé derrière l’horizon, et le massif montagneux nous a plongé dans la pénombre, nous laissant sans voix à admirer la situation. Nous avions hâte de notre première matinée dans les montagnes.
Après le café et le thé matinal, nous avons suivi le chemin conduisant au « Lac Hooker ». Nous avons traversé quelques ponts suspendus, très aériens, à coup sûr les plus sympas que nous ayons parcouru sur notre début de trip. Nous nous sommes retrouvés après 1h de marche sur le gros bloc « Dude Incredible » proposant un bon potentiel, dont quelques lignes bien réputées. Nous ne nous attendions pas à ce que ce soit le long d'un virage du sentier, ce qui en fait un rocher au devant duquel 500 personnes sont passées en ce week-end de vacances. Nous avons grimpé quelques blocs d’échauff’ sur la gauche du mur principal, puis nous nous sommes attelés à la ligne en plein milieu du mur. Elle porte le nom du secteur « Dude Incredible » en 7B.
Un mouvement éloigné et radical en épaule droite conditionne la réussite, que Josh de son coté n’a pas eu trop de problème à résoudre, rajoutant même une extension en partant assis à droite sur une prise verticale, montant la cotation à 7C+. Après un tour sur les différents rochers solitaires du lac Hooker, nous sommes revenus, sur le chemin du retour, sur un énorme bloc posé à moitié dans le torrent tumultueux : le « Green Monster ». Il a été approché par les locaux, sans qu’aucune ligne n’y ait été développée. Le charme opérant, nous avons repéré quelques lignes à nettoyer et avons laissé notre matos sur place pour le lendemain. Après une journée de 11 h dans ce vallon, nous ne pouvions pas être plus motivés pour une bonne bouffe et une nuit de sommeil réparatrice. Pour l’anecdote, quand nous sommes revenus à notre emplacement de camping, notre tente avait disparu... évidemment j’ai tout de suite été très affectée, pensant qu’on s’était fait tout piqué. Apparemment le terrain a été balayé par de fortes bourrasques de vent. Nous l’avons récupérée 200m plus loin, nos affaires toujours à l'intérieur. Nous étions soulagés de l'avoir retrouvée, entière et même sans accrocs… nous l'avons donc immobilisée par des choux-fleurs de piquets pour la journée suivante.
Pour notre 2e jour dans le vallon, coïncidant avec le réveillon de Noël, nous avons abordé le « Green Monster ». En premier lieu, nous avons passé un bon moment à nettoyer le caillou et aménager la zone de chute. Il y a en fait deux blocs rocheux sur cette zone. Le premier est petit et assez bas en toit, où nous avons développé « The Greench » 6A sur l’arête de droite, et « Water Line » en 7B qui démarre assis sur la rampe horizontale et traverse le toit en passant par une verticale isolée.
Le deuxième est bien plus gros, bien avancé sur le torrent et avec des couleurs extraordinaires dans les tons bleu, vert et turquoise. Nous y avons réalisé une ligne sur la face hors de l’eau, qui démarre sur une rampe diagonale assez basse, puis traverse le dévers pour rétablir, tout en restant sur la droite de l’arête. Le crux est au départ. Je le résous avec un coincement de genou gauche, une inversée main droite, et un gros mouv main gauche jusqu’à une réglette MG. Josh le résout sans genou ni inversée mais avec une verticale à gauche, un gros gainage et un envoi MD sur la même réglette. La ligne est très classe, technique et physique, dans un cadre original en bordure de torrent. Nous l'avons appelé « The Green Monstah » en 7C, en gardant le nom d'origine du bloc, avec une touche à la « Boston ».
Il était temps de célébrer Noël au Mt. Cook Lodge et … c'était pas mal du tout ! Côtelettes d'agneau, rumsteak de bœuf et gâteau aux carottes en dessert. Ensuite, nous avons jeté des fléchettes en écoutant du reggae et des musiques des années 80 sur un juke-boxe. Nous n'aurions pas pu projeter une meilleure journée dans les montagnes se terminant dans une ambiance de saloon.
Session de Voies
Wye Creek
En conduisant le long de la côte ouest vers les fjords, nous nous sommes arrêtés à « Queenstown », un coin que nous avons vraiment apprécié. À travers les gouttes de pluie, nous avons passé un après-midi dans un secteur appelé « Wye Creek ». Nous avons particulièrement aimé un échauffement sur une ligne spectaculaire, appelée « Aratika ». Elle suit une arête/proue parfaite sur 30 m. Derek nous ayant conseillé d'essayer « Leviathan », un 8a + assez récent, nous y avons placé les chaussons et avons réalisé les 3 ème et 4 ème enchaînements de la voie. C'était une voie demandant de belles gestuelles techniques avec une petite section crux au milieu. Pour finir la journée, nous avons succombé à jouer dans le toit du secteur, assez facile et très classe, avec le lac en arrière-plan.
Darrans - Little Babylone
Quelle session nous avons passé à « Milford Sound » ! Une semaine, 8 jours, ou 9 peut-être ? Nous ne savons même plus, tant nous nous sommes laissé absorber par la densité de nos réalisations et par l’isolement qu’impose ce bout du monde. Connu pour le tourisme dans les fjords, Milford Sound est également un des rares spots référents de « l'escalade de difficulté, exigente » en NZ.
Nous avons passé notre temps dans le lodge de « Milford Sound » où nous avons dormi dans la voiture, mais nous avions accès aux installations (cuisine, douches, électricité, canapés ...). Pour l’anecdote, nous étions totalement à l'écart de tout réseau satellite ou connexion Internet, nous avons donc pu rester loin de nos téléphones pendant une longue période, ce qui est assez incroyable en ce début de 21ième siècle… et curieusement, ça ne fait pas mal du tout.
On peut facilement dire qu'il a plu au moins 70% du temps. Entre la pluie et l'humidité et quelques détournements d’attention d’une nature touristique, nous avons surtout grimpé à « Little Babylon ». Ce secteur est accessible par une approche de 40 minutes sur une colline très raide, très escarpée et ruisselante de multiples résurgences. Elle est couverte par des arbres permettant de s’accrocher aux racines ou de marcher sur des troncs morts tout le temps, comme si nous grimpions dans un seul et même arbre géant.
La falaise présente beaucoup de voies à gravir, toutes protégées de la pluie, sur un beau rocher granitique. Nous y avons passé un bon moment, bénéficiant de très bonnes températures autour de 15°C. En 5 jours d'escalade nous avons sommé une douzaine de lignes entre 8a et 8c.
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Le temps fort de cette session aura été l’enchaînement de " Colossus ", un 8c puissant, cheminant dans du bon dévers typé bloc et complexe à interpréter. C'était très intéressant de le découvrir ensemble, et de trouver chacun nos propres méthodes, très différentes dans le crux. Pour ma part, il m’a fallu 2 montées spécifiques pour résoudre la séquence avant d’en réaliser enchaînement. Pour Josh, tout a été intrinsèquement résolu plus aisément, mais l’accumulation de l’effort depuis le départ n’était pas simple à gérer dans la durée, l’obligeant à se battre après 20 m de grimpe. Mais la persévérance et des micro-changements de méthode ont rendu la croix possible. Les signatures les plus sympas auront été d’être le premier 8c féminin en NZ et … le premier 8c pour Josh. Woooohoooo !
Les « Darrans » nous ont permis une belle parenthèse de voyage. Ce massif nous a accueillis avec de beaux paysages, des cascades occupant 360° du panorama et une ambiance arboricole et végétale très verdoyante. Après notre séquence australienne asphyxiante de chaleur, trop décalée dans la saison, nous nous sommes re-gavés de motivation avec des températures idéales pour grimper et envoyer plusieurs lignes singulières.
" Alpinisme "
J’ai une sensibilité toute particulière pour une autre activité de plein air : l'alpinisme. J’ai été immergée très jeune dans des ambiances de haute montagne, avant même de grimper. A 6 ans, je bivouaquais au cœur de l’Oisans, au pied de la face nord de l’Ailefroide, avec mon frère et mon père. J’adore aussi aborder cette dimension par la rigueur et l’engagement que permet la rando à ski itinérante. Atteindre de beaux sommets montagneux est donc un de nos objectifs lors de notre voyage autour du monde, un objectif essentiellement contemplatif. Notre sommet océanien aura été le « Mont Aspiring », culminant à 3033m et plus haut sommet du parc national du même nom. Même si nous avions planifié l'ascension dès notre arrivée, nous attendions une bonne fenêtre météo, un beau temps d’au moins 4 jours d'affilée. Nous avons passé la Saint-Sylvestre avec mes amis Nico et Adèle à Christchurch. De là, nous sommes allés à Queenstown pour se détendre pendant quelques jours. Nous avons alors réalisé que notre fenêtre météo s'ouvrait plus tôt que prévu, et tout est allé très vite. Après seulement une journée à Queenstown, nous avons poursuivi jusqu’à Wanaka pour les derniers achats et la planification logistique de la course.
La montée et la redescente du Mt Aspiring prend 4 jours. C'était assez épique et à la mesure esthétique que j’espérais :
- Jeudi 4 , nous avons quitté le parking de « Raspberry Flat » chargés de nos gros sacs. Nous avons marché 5 heures, à travers de grands champs plats dans le fond de vallée, le long d'une rivière, sur des ponts suspendus, dans une forêt de fougères. Nous sommes allés jusqu’au bivouac « Scott’s bivvy », fouillant avec impatience pour le trouver. Pour ceux qui me lisent et veulent y faire le détour, il suffit de suivre les balises/poteaux noirs surmontés de rouge, jusqu'au dernier, et vous y êtes. Cela semble évident, mais il n'est mentionné nulle part. Nous avons dormi dans ce bivouac rudimentaire, un rocher doté d’un dévers bas et bien prononcé, à peine suffisant pour s’asseoir à certains endroit. Nous y avons passé une assez bonne nuit de sommeil.
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- Vendredi 5, un réveil programmé à 05h30 a initié la journée par une montée en direction de grandes dalles au- dessus du « bivouac », pensant que nous nous dirigions vers le « Bevan col ». Nous nous sommes retrouvés très vite dans un brouillard épais et il ne nous a pas quitté de la journée, nous empêchant toutes perspectives à moyenne distance. Après environ 3h de marche raide, nous touchions la première neige et mettions les crampons. Nous nous sommes vite sentis dépourvus d'indices visuels, voire même perdus, et ce, pendant environ 4 à 5 h, en naviguant sur le rocher, la neige, dans le brouillard et sous une pluie intermittente.
Quelques secondes de visibilité se dégageaient toutes les 30 minutes, juste assez pour que nous puissions prendre des informations autour de nous. L’une d’elles nous a fait réaliser où nous étions,très décalés de notre itinéraire, mais en même temps très proche d’un échappatoire, une "porte" sur le glacier « Bonar » sur lequel nous devions passer. Nous avons suivi cette direction en passant par l'escarpement d'un col enneigé et sommes enfin arrivés sur le glacier, toujours dans un brouillard épais. Nous avons donc pris la boussole pour aller au Nord, Nord-Est, dans la direction du refuge « Colin Todd Hut » que nous imaginions à l’appui d’une carte topographique de type IGN. Nous avons dû traverser des crevasses de plus en plus larges, nous informant en cela de notre localisation sur le travers de la coulée glacière, mais toujours dans un smog très fourni, nous faisant serpenter besogneusement sur le glacier, face à un mur grisâtre imperméable à toutes perspectives. Lorsque les conditions s'évertuent à faire opposition, le mieux est de l'accepter, de nous y fondre et faire corps avec la situation, ainsi nous imaginions déjà possible de bivouaquer à l’abri dans le fond d’une crevasse. Heureusement, au bénéfice probablement de l'altitude, quelques petites éclaircies en fin de journée nous ont permis de repérer furtivement le refuge au loin, un point rouge devenu salvateur après ces heures d’errance forcée. Nous avons atteint la cabane vers 20h, rejoignant une autre cordée. Ce fut une journée vaporeuse de 14h... Ça aurait dû être une journée de 6h depuis le « Scott’s bivvy »...
- Samedi 6 , réveil à 3h du matin pour se rendre au sommet. Cependant, un vent très fort, évalué au voisinage des 100 km/h en pleine rafale, nous a fait rester au lit, ainsi que les autres membres du refuge. Nous avons tous traîné la matinée, contemplant les crêtes et sommets environnants à travers la fenêtre, tout en écoutant le vent fouetter le refuge.
L'appel radio quotidien diffusé dans le refuge, nous précise que la pluie est prévue pour le lendemain midi. Nous avons pesé les avantages et inconvénients de faire, soit un départ dans l’après-midi aujourd'hui même, soit un départ très matinal le lendemain. En début d’après midi, une option se décide à l’initiative de Sam, George et Ben, choisissant de tenter une première sortie, quitte à revenir si les conditions se maintiennent extrêmes. Nous avons aussi pensé que c’était la meilleure opportunité. La voie que nous avons choisi de suivre, la « North-West Ridge », était magnifique, protégée d'un vent finalement déclinant, et suivant un éperon rocheux jusqu'au sommet. Un manteau de neige et de glace couvrait, sur ce versant, les derniers 100 m jusqu’au sommet.
Au final, le vent s'est fortement atténué, et il nous aura fallu un peu moins de 3h25 pour atteindre le sommet, ce qui est assez rapide par rapport à l'information dont nous disposions. A regret, compte tenu de notre départ tardif, nous n'avons pas profité autant que nous l'aurions souhaité de l'ambiance privilégiée de la situation. Nous sommes redescendus avec la magie d’un coucher du soleil propice à l’apaisement et la contemplation. Nous avons atteint le refuge juste aux limites de la pénombre, juste pile-poil pour ne pas avoir à sortir les frontales. Nous sommes entrés dans le refuge vers 21h30, et nos 3 amis, qui étaient déjà revenus de leur propre sommet, avaient préparé de l' eau chaude pour nous. Cette empathie australe, particulièrement sympa et délicate m'a touché. Un peu plus tard, des souvenirs et sensations plein la besace, nous avons dîné, sereins et comblés par un dernier regard sur le sommet disparaissant dans une nuit d’encre, maculée par les constellations inhabituelles de l'hémisphère sud.
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- Dimanche 7 , alarme à 7h pour redescendre vers la vallée et le parking . Nous sommes partis vers 9h, résistants à quitter un lieu plein de magie, d'isolement et d’imaginaire.
C'était super ensoleillé, ce qui était beaucoup plus agréable que la purée de pois à l’aller. Nous avons succombé à l’envie d’avancer en débardeur, marchant dans la neige d’un glacier, bien moins crevassé par son cheminement classique.
Traverser le « Bevan Col », puis ce qui s’appelle « les dalles » était beaucoup plus facile, plus court et plus évident que ce que nous avons fait par notre montée. Après en avoir discuté avec différents habitués du massif, nous sommes probablement les premiers à être passé par les chemins de traverse empruntés à l’aller, nous trompant de " dalles" de départ dans le brouillard. Le retour nous aura pris 9h d'un bon pas, jusqu’à la voiture. Nous avons partagé un bout de sentier et de temps avec un randonneur local, nous informant de quelques bons plans. Ça a rendu la marche bien sympathique, à refaire le monde et se raconter nos expériences de terrain.
Je trouve toujours un peu difficile de me "reconnecter" au quotidien, après quelques jours en montagne. La vie là-haut, par les émotions d’une autre dimension qu’elle occasionne, par l’esthétique, l’isolement, l’engagement qu’elle offre à apprécier, par l’effort physique, le risque, le froid, la sueur qu’elle nous oppose, par les rencontres et les moments au refuge ou au bivouac, cette vie là-haut m’imprègne aussi de souvenirs fortement durables.
Tourisme
Les cascades
Ce que nous avons vu le plus en Nouvelle-Zélande, à part les moutons, ce sont les chutes d'eau. Nous en avons vues partout, de toutes formes, tout débit, toute hauteur. Elles étaient encore plus spectaculaires après quelques averses.
Les plages
La Nouvelle Zélande étant composée de deux îles, nous avons vu beaucoup de plages. Il y en a de sauvages et de belles, parfois de sable noir, parfois de sable blanc, parfois même des plages de galets. Pour l’anecdote, près de « Haast » , il y a un rituel selon lequel depuis de nombreuses années, les gens de passage s'arrêtent près de la plage, y ramassent un galet blanc, y inscrivent leurs noms et le dépose sur un tas. L'accumulation est devenue monticule maintenant, et nous avons ajouté notre petit caillou à la construction. Nous avons vraiment aimé les villes côtières d’ « Hokitika » (côte ouest) et d’ « Oamaru » (côte est).
« Enchanted Forest »
La Nouvelle-Zélande est très verdoyante. Il y a beaucoup de forêts, et nous étions vraiment fascinés par cette « forêt enchantée », épaisse et chargée de beaucoup de variétés de plantes que nous ne connaissions pas, comme des fougères géantes parfois de plusieurs mètres de circonférence. C’est l’idée que je me fais d’une forêt primaire luxuriante.
Moeraki Boulders / Fleurs Place
Sur la côte Est, il a plu de façon inattendue et notre tente a été trempée, nous avons alors décidé de louer une cabine dans un camping pour la nuit. Le hasard faisant bien les choses, nous nous sommes retrouvés à « Moeraki ». Nous avons profité d’un restaurant à « Fleurs place », dans une vieille maison pleine de charme sur le port, où nous avons savouré un délicieux diner fait de produits de la mer, frais et marinés. Soirée de plaisirs simples, j’avais perdu le souvenir depuis 3 semaines d’une bonne nuit de sommeil dans le confort d’un vrai lit. Sur la route qui a suivi, nous nous sommes arrêtés dans un site très spécial, les « Moeraki boulders ». Ce sont de grosses roches arrondies posées en plein milieu de la plage. C'est plutôt insolite, irrationnel et unique. Evidemment nous avons scruté si il n’en existait pas de plus grosses pour jouer du chausson sur ces aberrations parfaitement sphériques... mais en vain.
Les fjords
Nous avons passé presque deux semaines dans les fjords et nous avons adoré nous ressentir isolés et minuscules, au milieu de ces collines très raides de 1000 à 2000m, parfois plongeant directement dans l'eau. Pendant que nous étions à Milford-Sound, nous avons pris un ferry pour aller dans la mer de Tasmanie, nous permettant de profiter de 2h de repérage dans un paysage sauvage, parsemé de nombreuses cascades, bien formées et gonflées par les pluies saisonnières.
Fox Glacier
Au-dessus de la ville, on trouve le « Glacier Fox ». Ce glacier s’atteint par un sentier de randonnée facile menant à quelques centaines de mètres au-dessous des premières langues de glace. Outre le voisinage du glacier, l’endroit offre une bonne vue sur la ville.
Dans la même zone, juste au sud de la ville, nous avons été informé d’un petit chemin sur la gauche, particulièrement porteur de beaucoup de vers luisants. C'était troublant, sous un ciel constellé d'étoiles, comme par reflet.
Slope Point
Tout en étant au Sud du parc national de « fjordland », nous avons pensé qu'il pourrait être singulier de faire un détour de 3h au point le plus Sud de l’ile Sud de la Nouvelle-Zélande. Nous nous sommes donc simplement retrouvés mouillés, ventés... mais aussi au plus Sud que nous n’ayons jamais été. Cet endroit s'appelle « Slope Point » et nous étions beaucoup plus près du pôle antarctique que de l'équateur. Cela n'arrive pas si souvent.
Animaux
Nous avons croisé beaucoup de faune, et même si nous avons manqué certains d'entre eux, comme les pingouins ou les kiwis, nous avons été fascinés par beaucoup d'espèces différentes.
Kea... curieux, peu farouche et aussi intrigué que nous.
Phoque... craquant, non !?
Mouton (ok, pas si rare, mais il y en avait BEAUCOUP)
Des Cormorans et ... des "Pitt Island Shag", endémiques et singulièrement "yellow footed"
Epilogue
La Nouvelle-Zélande nous a bien traités. Nous avons investi de sérieuses sessions d'escalade. C'était un gros avantage d'être nomade. Nous pouvions changer de plan facilement et rouler quelques heures seulement pour changer de paysage et d’activité. Pour être honnête, c'était économique mais aussi épuisant, de devoir vivre dans une voiture, d'emballer/déballer tous les jours, de chercher de l'électricité pour pouvoir travailler comme nous le souhaitions. Nous le ferions à nouveau, bien sûr, mais pas durant un mois et demi, peut-être seulement une semaine ici ou là.
La NZ est sauvage, verte, virginale et pleine de ressources. Soit dit en passant, la haute montagne n'a que peu à envier à nos massifs alpins, juste à peine moins dense en grandes envolées granitiques. C'était un sentiment incroyable d'être, la plupart du temps et à ce point, isolé dans la nature, loin de la vie citadine, voire même dans une nature exempte de toute concentration touristique. Une fois de plus, la communauté grimpante a été très accueillante et nous ne pouvons pas assez dire "merci" à Derek, pour tous les bons plans suggérés et son aide pendant notre séjour.
Reviendrons-nous ? Nous avons définitivement beaucoup plus à faire sur cette ile, comme profiter plus de « Flock Hill », grimper au-dessus de « Wanaka », faire plus de courses de montagne, plus techniques et engagées, essayer des projets plus durs dans les « Darrans » , et même équiper dans la partie Nord de l'Ile du Sud ... Oui, si notre chemin repasse dans le continent océanien, nous pourrions bien faire un détour par la Nouvelle-Zélande.
Le film
Les réalisations
Bloc
- Captain Nemo, 7B+
- Classic, 7A+
- The flutes, 6C
- Split Apple Dyno, 6C
- Monster Society of Evil, 7C
- Disconnect extra, 7B+
- Green Hornet, 7C
Routes
- Wye creek
Dream thing, 6c
Aratika, 7a
Leviathan, 8a+
- Darrans
Rua Tahi, 7a
Bish Bosh Bash, 7a+
International Turkey Patrol, 7b
Solitude, 7b
Jugular, 7b
Moses, 7c
Hercules, 8a
No country for old men, 8a
Tantalus, 8a
Cyrus the great, 8a+
The giving tree, 8b
Colossus, 8c
Nourriture
Rien de très inhabituel, tout comme en Australie. Nous noterons la quantité de poissons cuisinés grâce à la proximité de la mer et de l'océan tout autour. La spécialité de l'île est le « Fish and Chips », qui doit être essayé une fois parce que c'est délicieux, mais c’est un principe de friture… très grasse.