AWLT - Australie

21 février 2018


L'Australie est probablement LA destination dans laquelle tout voyageur veut se rendre un jour ou l’autre, parce que cela semble si loin et rime avec aventure, roadtrip et désert. Pour nous, il était évident de l'inscrire dans la liste de nos rebondissements, surtout en raison des quelques célèbres spots de grimpe qui imagent le pays. En fait, l'Australie était la première destination du voyage, avant que nous décidions d'ajouter deux arrêts en Europe. En 2008, j’ai passé 10 jours dans les Blue Mountains avec mon pote Vainvain, Thomas et Serge ; alors nous voulions essayer un autre endroit, les Grampians. Situé au nord-est de Melbourne, c'est la destination idéale, assurant d'y exploiter les différents types d'escalade, avec la proximité de la grande ville si nous voulions bosser un peu. Enfin et surtout, notre ami Steve, rencontré lors de nos pérégrinations Montpellieraines, vit à Melbourne. Au cours des 3 derniers mois qui ont précédé notre voyage, nous avons échangé des tonnes d'emails avec lui, principalement pour la logistique et quand se retrouver. Puis nous avons réservé nos billets pour 45 jours à partir de novembre... définitivement ce ne fût pas la meilleure saison pour l'escalade. C'est le début de l'été, mais nous pensions que nous pourrions trouver quelques secteurs à l’ombre ou faire des sessions de nuit.


Le 2 novembre, nous avons atterri à Melbourne et récupéré notre voiture de location. Au bénéfice d'un changement gratuit, nous avons échangé un véhicule «compact» par un «SUV». Cash, nous sommes allés à la salle de bloc " Northside " à " Northcote ", pour rencontrer Steve. Il nous a accueilli avec des crashpads. Nous n'avons pas voyagé avec les nôtres. Quelques-uns adressés par Petzl devraient arriver un peu plus tard. Plein de motivations, il nous a aussi accueilli avec le topo des blocs de Grampians et un pain fait maison. Quelles agréables premières heures. Après cela, nous avons roulé environ 3h jusqu’aux Grampians et nous sommes enregistrés aux " Mt Zero Log Cabins ". Nous voila installés dans notre cabine pour un mois et demi, situé à 5 minutes des Grampians du Nord. Notre plan : grimper ! Ce sera l'une des rares destinations pour laquelle notre seul objectif est de grimper et se lancer dans des projets, toutes disciplines confondues, blocs, croûtes et trad.

Nous avons commencé à feuilleter les pages du topo et nous avons été épatés par la densité des secteurs, certains blocs connus mondialement étant si proches les uns des autres!


Découvrir

Étonnamment, quand nous sommes arrivés, les températures étaient assez douces, nous faisant mettre des manches longues et des bonnets. Le premier jour, totalement décalé, nous voulions y aller tranquille sans trop de marche d'approche. Nous nous sommes retrouvés au secteur " Kindergarten ". Incroyable et étonnant rocher dans des couleurs blanc-orangées avec des formes ondulées pleines d'esthétique. Un rocher unique en son genre qu'aucun de nous deux n'avait jamais vu auparavant. Quel régal pour notre premier jour, nous ne l'avions pas imaginée ainsi ! Nous avons grimpé un max sur ce secteur, en se focalisant sur les blocs faciles et intermédiaires, laissant aller, à la toute fin, nos doigts sur des lignes plus dures. Le rocher et la qualité des mouvements étaient très agréables! Nous avons fait la marche retour au coucher de soleil, ravis par les longues journées qui nous attendaient, ajoutant 4 heures de soleil par rapport à notre précédent arrêt en Serbie.

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Le lendemain, nous avons retrouvé Steve, sa femme Kate et leurs deux enfants, Tommy et Suzy. Nous sommes allés au secteur " Andersens " et avons grimpé tranquille jusqu'à 7b. Nous avons terminé la journée sur la colline rocheuse voisine, nous permettant de jeter un coup d'œil sur la fameuse " Hollow Moutain Cave ".... juste WOW ! Une évidence s'impose à nous, aucune photo ou vidéo ne peuvent vraiment montrer la beauté, la folie et l'unicité de ce que peut produire la nature. La HMC est un secteur d'escalade unique. Nous avons joué un peu là-dedans, et Josh a enchaîné « Dead can’t dance », un 8A comportant un gros mouv d’épaule. Nous sommes allés quelques centaines de mètres plus haut au secteur " Loopeys " où nous avons re-grimpé un peu et surtout penser de beaux projets au coucher du soleil, contemplant les couleurs du soir sur l'impressionnant " Taipan Wall ".


Avant un premier jour de repos, nous voulions grimper un peu plus et faire du volume. Ainsi, le troisième jour nous sommes retournés à " Andersens " et avons grimpé un tas de 7b car la moitié des blocs du coin sont de ce calibre. Je flashe également « Pumped Action », un long 7c en traversée. Pour finir la journée, nous sommes allés négocier le beau et délicat "Etch-a-sketch " 7c+. Josh l'a flashé et je l'ai enchaînée à l'essai suivant. Pour ma taille, il m'était fait nécessité d'y déchiffré ma propre méthode.


Premiers projets

" Ammagamma " a été un de nos noms fétiches depuis que nous sommes partis pour notre voyage, surtout pour Josh. C'est le nom d'un bloc sur sa Dreamlist. Ammagamma est un 8b au secteur " Citadelle ", situé sur un gros bloc aux formes biscornues. Le bloc commence par des gros mouvs de compression très physique, puis fini par de grands mouvs sur des trous, suivis enfin par un réta délicat... un peu aérien. Un départ debout est côté 7b+, ce qui m’a permis de toucher les trous et de forcer mon application pour éviter la peur sur le réta. Josh y a mis quelques bons essais ce premier jour, faisant tous les mouvements... malheureusement les températures sont montées et le bloc est devenu quasi-infaisable pendant toute la suite du trip. Le bloc restera un projet pour Josh.


Ce même jour, nous avons fait un détour par le secteur " Between the sheeps " où l’on m’avait conseillé d’essayer " When we were kings ", un long 8a sur trous, en toit. Après un premier essai pour décrypter des séquences puissantes, j’ai su que c’était un bloc pour moi, me rappelant les trous du Tarn ou de Galetas. Après une petite récup et avoir bu un coup, je me suis lancée dans le bloc, que j’ai enchaîné, détendue et fluide, gainée et convaincue dans les crux. N'étant pas une stakhanoviste du bloc et n'en abordant que rarement, ce fut une belle surprise pour commencer le trip, ce bloc étant ma deuxième croix de ce niveau, après « Xavier’s roof » à Bishop en 2015.


Arrivée de la vague de chaleur

Nous avons compris très vite que l'après-midi est relativement peu propice pour grimper, car tous les blocs, du moins ceux que nous voulions essayer, font face au soleil. L'air est devenu extrêmement chaud, genre 35 °C à l'ombre. Bon, on nous avait prévenus, en été il fait très chaud sur les secteurs, et c'est ainsi que la saison chaude est arrivée soudainement aux Grampians quelques jours après notre arrivée. Nous avons traîné alors nos pads dans différents secteurs et avons finalement trouvé une ligne ombragée, pas trop dépendante de la température, " Butcher choice" 7c+ au secteur "Trackside". Josh l'a flashée et je l’ai enchaînée au premier essai, encore une fois après avoir investi une sérieuse volonté et décrypté mes propres méthodes. Finalement, nos projets ne pouvant pas être essayés par une telle chaleur, les jours suivants nous avons décidé de profiter pleinement des Grampians et avons roulé un peu plus loin. Nous faisons une courte halte au secteur "Campground", pas très intéressant mais qui gagne le trophée de "la marche la plus courte, 30sec environ. Un peu plus loin, nous aborderons avec plus d'intérêt le secteur "Cave of Man Hands", dans les Grampians du Sud. C'est une petite grotte incroyable avec des formes et des prises très sculptées. Nous avons joué dans des blocs modérés, appréciant la compression de "The Pummeling" 6B et les mouvements variés de « Cold Hands, Cold Heart » 7B+ que nous avons flashés. Josh a continué avec l'enchaînement flash du puissant 7c+ "The sound of one man hand clapping ». Dans le sud, nous avons aussi jeté un coup d'œil au secteur "Bleachers" avec Steve et avons passé une belle session à grimper tout ce qui avait un beau look.


Rencontre avec le tigre

Après cette grosse période de bloc, nous avons re-déballé la corde et nous sommes dirigés vers le secteur de " Muline ", un mur ombragé dans les Grampians du sud. L'approche a été assez pénible, la température ne cessant d'augmenter. Nous avons constaté que le sentier n'était pas très bien entretenu, peut-être par manque de fréquentation. Nous avons dû nous faufiler dans la jungle, ce qui est un peu bizarre à en juger par la réputation du secteur ! Muline porte une des voies les plus convoitées et spectaculaires des Grampians : "Eye of the Tiger". Après quelques minutes de silence pour admirer cette ligne accrochée à un ventre très déversé et l'étonnant rocher coloré du secteur, nous avons ouvert le topo comme un sésame devant nous rassurer. Cinq minutes plus tard nous avions enfilés nos baudriers et nous nous sommes échauffés dans le classique "Krankandangle" 7a +.


Puis, je me suis lancée dans " Eye of the Tiger " dans un état d'esprit ambigu, à la fois emballée et intimidée. J'étais bizarrement absorbée, voire irrationnellement dominée par une certaine allure monstrueuse de la ligne. Je passerai la partie la plus raide avec de belles méthodes physiques, faites de contorsions bien excessives me permettant de camper de bons appuis. Passée la zone de forte charge, j’avais l’impression que je n’étais plus autorisée à tomber, obligée de sortir un tel monument. La fin était plutôt compliquée à exploiter à vue, j'y suis rentrée en mode conti longue pour optimiser la lisibilité des sections. Il m'aura probablement fallu un temps de voyage significatif pour atteindre la chaîne. C'est un de mes " à-vue " me procurant le plus de fierté et d’émotions, non pas pour le niveau, mais pour ne pas avoir raté une opportunité de répondre à une ligne aussi classe, d'un très grand charisme. Josh, beaucoup plus bloqueur, s'est appliqué a suivre chaque détail de l’enchaînement, et parvient à signer un flash émérite de la voie. Pour le coup, nous étions super contents !


Nous avons ensuite été à gauche du secteur pour essayer "The Flying Duck ", qui commence comme "Krankandangle", puis traverse tout le mur en suivant la lèvre d'un toit, pour finir dans " Eye of the Tiger ". Nous avons résolu tous les mouvements, étonnamment très vite, mais nous avons lutté toute la journée avec une température au delà des 35/40°C à l'ombre. Enfin, le soir venu, les températures se sont nettement améliorées, probablement 10 ° C moins chaudes, conjugué à une petite brise agréable. Même si nous étions fatigués de nos essais précédents, nous sommes retournés dans la voie et avons finalement réussi le gros mouvement dynamique qui nous asphyxiait à chaque fois. Continué jusqu’à clipper le relais devenait une évidence sans résistance. Ce fut une belle récompense d’enchaîner ce 8b +, concluant une bonne journée. Une belle leçon s'imposait : lors des journées chaudes, travailler quelques projets au plus chaud de la journée reste une option permettant de ronger son impatience, mais il ne faut vraiment pas chercher à se ruiner dans des essais jusqu’au-boutistes et improbables. Malheureusement, ce n'est pas mon tempérament et c'est pour moi l'éternel conflit entre l'irrépressible motivation et la raison... Attendre les 2 dernières heures de jour, quand l'air devient très agréable, est au bilan, le prélude d'un tout autre monde de perception et une école de patience.


Première blessure et voyage avorté

Quelque chose s'est passé sur l'enchainement de "Flying Duck". Alors qu'il descendait, Josh a senti une douleur intense sur son côté droit, proche des côtes, et la douleur n'a jamais disparu dans les jours suivants. Il est allé consulter un kiné du sport, lui même grimpeur, pouvant ainsi mieux interpréter la traumato en escalade. Il lui a diagnostiqué un abdo oblique déchiré, blessure hautement facilitée par la déshydratation que nous avons vécu ce jour-là. La perspective de récupération est de se reposer pendant quelques semaines, avec pour seule règle de " grimper quand vous ne sentez plus la douleur "... évidemment ! Une suggestion plutôt dure seulement 10 jours après notre arrivée en Australie. Nous l'avons pris avec intelligence. Nous savions que nous nous exposerions à une blessure inévitablement, à grimper en repoussant sans arrêt nos limites et capacités, mais nous ne pensions pas que cela arriverait aussi vite. Nous nous sommes fait piéger par la surcharge physiologique liées aux températures plutôt excessives. Ceci dit, pour seule consolation, il a fait super chaud tout le reste du trip, alors croiter des lignes dures était devenu raisonnablement improbable, voire pas réalisable. Plus tard, étouffant lors d’une journée particulièrement chaude, nous avons décidé d'écourter notre séjour en Australie. Ayant quelques séances de coatching et d'ouverture à Melbourne à la fin du mois, nous ne pouvions pas partir plus tôt, mais c'était un bon point de repère pour basculer en Nouvelle-Zélande, raccourcissant notre trip australien de quinze jours. Avec environ 10 jours restants dans les Grampians, nous en avons quand même pleinement profité, d’une manière plus improvisée, adaptée aux conditions du jour, sans projet majeur.


Escalade sportive et trad

Taipan wall

L'ambivalence de la séduction... et de la damnation


Nous marchons enfin vers ce grand mur orangé, maintes fois observé de loin. Nous avons commencé à droite, dans un secteur court appelé " Spurt ". Josh étant blessé, j’ai pu grimper à ma guise, mais j’ai un peu subit les mouvements éloignés. Je me suis sentie assez courte sur ces voies car je devais faire quelques gros blocages, voire de sérieux jetés, ce qui était amusant jusqu'à un certain point, jusqu'à devenir parfois violent et au final frustrant par le manque de conti qui en résulte. Mes itinéraires favoris dans la secteur sont "Dial-a-Lama" 7a + pour l'échauffement, "The Invisible fist" 7b + probablement ma voie préférée, et "Tyranny" 8a.


Un autre jour, nous sommes revenus pour la longueur de "Serpentine" 8a, une voie magnifique, une des plus emblématiques au milieu du Taipan Wall. Des friends étaient en place entre des points fixes "à perte de vue", en cela merci à un certain "Lincoln" qui projetait l'itinéraire. Ces points d'assurance ont rendu l'expérience beaucoup plus "légère". Nous avons remonté la corde statique de 30m de haut, jusqu'à un relais , où commence la longueur mythique de 42m. Totalement aveugle de la ligne à partir du relais, j'ai aligné les trois-quatre mouvs me permettant de sortir la tête d'un toit, pour observer les prises de sortie et un peu de l'orientation du tracé, puis suis redescendue. Je suis alors repartie du relais et j'ai passé le toit, puis en mode conti, j'ai négocié toutes les difficultés jusqu'au sommet pour un enchaînement de cette superbe et interminable longueur. Tout comme «Eye of the Tiger» impose son dévers, j'ai été impactée par la nature technique de ce mur, imposant des gestuelles appliquées, félines et finement contrôlées. Ce voyage à vue en plein milieu du mur de Taipan fût une grosse charge émotionnelle. Cette acuité de mes ressentis pour cet amalgame de concentrations et d'équilibres, aura ajouté tellement plus à la simple résolution de cette aberration verticale au couleurs vives et chamarrées. J'ai par le passé ressenti cette ambiance de lévitation mètre à mètre dans certaines des lignes sans fin de l'immense mur dalleux de "Baygon", dans le vallon du Verdus.


Ce mur est un must et grimper quelques-unes de ses lignes était définitivement une expérience intense pour la nature de sa structure de surface et l'investissement technique qui en découle, également pour l'engagement des sections hautes, que je n'avais jamais négocié à ce point. En cela, je me sais une adepte avertie de ce genre d'exigence. Cependant, pour bien des lignes, je ne comprends pas l’intérêt d'un équipement qui déroge à la rigueur minimale et fondamentale de protéger la vie. Une voie n'appartient pas à son ouvreur. Elle est une invitation, et restera une tentation livrée à jamais à la communauté des grimpeurs du futur. Pourquoi ne pas l'équiper en toute sécurité, au minimum sur son départ ?!



J’ai, par exemple, essayé "Groovy" . Les points étaient tous outrancièrement éloignés. Si je tombais à n’importe quel moment entre le sol et le 3ème point, je me serais surement brisé les deux jambes, pour le moins. Le 1er point est probablement à 20m de haut. C’est un exemple parmi tant d’autres, toutes cotations confondues, même parmi de bien plus accessibles. Un local me précisa qu'à l'équipement de ce site tellement majeur, les ouvreurs voulaient accrocher leur nom sur un maximum de voies et signer les premières croix. Pour se faire, ils ont sciemment choisi d'exposer les départs avec un minimum de points pour dissuader la concurrence. Les ardeurs sans intérêt de ces épopées d'ouverture se sont perdues au fil du temps, et il nous reste ces voies ultra mal équipées en héritage. Les quelques locaux d'aujourd'hui n'osent pas changer le soit-disant esprit pionnier de ces anciennes lignes ... houai… n’empêche qu'un jour ou le suivant, pour un essai moins mobilisé, ou pour la zippe dont on se sait tous incapable, dans cette voie ou ses voisines, quelqu'un y laissera des plumes et malheureusement peut-être plus. Pour ce prix-là, il n'y a strictement aucun génie dans de telles déterminations irresponsables. De plus, d'un point de vue purement émotif et esthétique, et au crédit d'une conséquente expérience, je n'avais jamais ressenti d'aussi pures lignes comme autant de gâchis d'élégance, ne permettant aucune sérénité dans l'audace. J'ai en d'autres lieux, voyagé dans des murs aussi exceptionnels (Baygon à St Gui, Verdon, Spank à SmithRock ...) et je voue une reconnaissance singulière à l'intelligence de leurs ouvreurs qui nous ont offert des chefs d'oeuvre, sans rien enlever à un engagement "laissant bien grimper". En l'état, à " Taipan wall ", quelques " éthiques " du passé ont rendu un mur fantastique... pas si raisonnable à aborder. En l'état, extrème concentration et vigilance oblige.


Bundaleer

Un secteur dont nous n'avons jamais entendu parler, mais à voir absolument. Nous y avons rejoint, pour un week-end, notre famille australienne, Steve et Cie. Nous avons été agréablement surpris par ce secteur situé dans le sud des Grampians. C'est une bande de falaises de 40m de haut, plutôt vertical. Il porte une bonne variété de voies en trad. Les premières singularités remarquables sont les couleurs du mur, parfois presque noires, oranges, jaunes, bleues et même violettes. La deuxième chose était la variété de formes un peu folles composées de trous ou formations rocheuses en 3D.

Avec Kate, nous nous sommes lancées dans une petit mission dans "the Minch", une voie très facile en cheminée. J’ai pris les devants, voulant retrouver une certaine familiarité avec le placement des friends. La voie était bien sympa, et d’après Kate, mes friends étaient plutôt bien placés, même si ma confiance a mis du temps à revenir.


J’ai ensuite grimpé avec Steve une ligne très marquante par son tracé, appelée "Manic Depressive" 7a +. Elle suit l'angle d'une arête escarpée mais grimpe sur la partie dalleuse avec de très bons trous.

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Enfin, au final de la journée, après que Steve ait enchaîné son projet "Touchstone picture" 7c +, il m’a laissé les dégaines pour que je l’essaie. Pour mon morphotype, il m'a fallu d'abord trouver ma résolution de départ. Je résous ce crux avec une remontée de pied droit très haut, en ayant une arquée microscopique sous les ongles en MG. Une fois le crux résolu, j’ai enchaîné le reste de la voie "à vue" jusqu’au relais. Quelle ligne improbable ! Elle passe par des prises incroyables qui ressemblent presque à des poutres de tractions au milieu d'un mur semblant vierge de la moindre enfractuosité, puis la voie se finit dans un dièdre bien technique. " Touchstone " et " Manic " ont un équipement plutôt spartiate, rendant l'évolution un peu engagée. Sans être objectivement très dangereuse, je suis restée bien concentrée pour ne pas prendre un vol à la fin de la dalle de " Manic ".


Wall of fools

Pourquoi pas ?! Après quelques jours très chauds, las de travailler sur nos ordinateurs, nous avons souhaité tester d'autres options dans les Grampians. Par une chaleur bien dégueu, au regard d'une atmosphère poisseuse et étouffante, nous avons décidé d'aller faire un tour au secteur " Wall of fools ", pas très glamour à priori, mais à 5 min du parking, nous évitant ainsi de ne pas perdre 2L d'eau en sueur pendant la marche d’approche. Au bilan c’est un mur avec un bon look, un peu « école », de 15-20 m de haut, vertical comme coupé au couteau, maculé de belles rayures colorées. Il a pour seul inconvénient de ne pas proposer de relais. Il faut sortir au sommet pour y installer une protection et assurer son second en moulinette. La redescente se fait en contournant la falaise par le haut . Nous avons grimpé des voies sympas en trad, de quoi s’entraîner à placer nos protections, comme dans "Soweto" 6c. Nous avons également joué dans "Arch Enema" 7a +, une ligne originale qui passe à l'intérieur d'une arche décollée, dans une cheminée très étroite... très amusant.


Eureka Wall

Eureka ! Mince alors, les Grampians ont beaucoup de perles secrètes. Nous nous sommes rendus sur ce secteur car je trouvais les photos bien classes dans le topo. Et bien la réalité n'a pas dérogé à la tentation opérée par l'image. Ce petit secteur caché est plein de charme ! Mon objectif principal était de grimper " Archimedes principle " une longue voie en trad qui suit une belle coulée noire à travers la partie principale du mur. Après avoir regardé la voie et lu le topo, nous ne savions pas si nous avions le bon équipement pour du trad et surtout si nous en avions assez. Deux grimpeurs descendant en rappel depuis un relais un peu décalé, nous en avons profité pour mettre notre corde en moulinette. Ainsi, aussi inattendu que cela puisse paraître, j’ai grimpé pour la première fois une voie en milieu naturel, protégée par une moulinette sommitale, et en plaçant mes protections en même temps. Il m’aura fallu environ 1h30 pour atteindre le relais, 40 m plus haut. Ce fût donc un exercice probant de continuité, inspiré par une application toute particulière à placer mes points dans du 7b dalleux doté d'un léger dévers progressif. Puis je suis descendue en laissant en place le fruit de mes inquiétudes et rassurances. J'ai alors repris une ascension en tête et je me suis régalée de ce mur et d'une ligne aussi belle. Je suis vraiment ravie d’être allée sur ce secteur, non seulement pour l’expérience de ces placements délicats de protections, mais aussi pour les gestuelles très intéressantes et vraiment classes permises par ce mur. Au bilan une ligne 5 étoiles /5, mais aussi, des photos magnifiques.


Se rafraîchir

Pour combattre la chaleur, nous n'avons pas manqué de ressources pour nous rafraîchir : la piscine super froide où nous dormions, et la cascade MacKenzie au sud, à 30 minutes en voiture de notre lieu de séjour... mais aussi les caves à vin à " Halls Gap ". En effet, les Grampians sont célèbres pour le vin qu'on y élève... et nous sommes tout à fait d'accord pour y avoir trouvé de très bons Shiraz, un cépage auquel nous sommes moins habitués en Europe et aux USA.


Derniers jours en Australie

La veille de notre départ des Grampians, les températures étaient fraîches en soirée (15-20°C). Nous voulions donc profiter de meilleures conditions en retournant sur les lieux de notre arrivée, à " Kindergarten ". Josh était vraiment déçu de ne pas avoir beaucoup grimpé, après une immobilisation de plus de deux semaines depuis sa blessure. Il se sentait vraiment insatisfait et malgré la blessure, il voulait livrer un dernier effort dans les Grampians. Nous sommes arrivés au secteur vers 18h, mais il faisait encore trop chaud. Quelques heures plus tard, lorsque le soleil à passé l’horizon, le vent s’est mis à souffler très fort, apportant une bonne brise dans le secteur, le séchant de l'humidité et refroidissant le caillou. Nous avons essayé "So you think you can dance" 8A, sur un magnifique rocher ondulé que nous avions essayé le premier jour. Malheureusement, je suis restée bloquée sur un mouvement en extension et à doigt, mais Josh tout strappé sur son côté droit avait l'air bien, imperturbable et il a enchaîné le bloc, tout en fluidité. Je crois qu’on peut appeler cela une « Happy end » !


En quittant les Grampians pour " Melbourne ", nous avons décidé de passer par le sud, le long de la côte. Nous disposions de deux jours pour faire ce trajet, prêts à profiter d'un peu du bord de l'océan. Nous n'avons pas vraiment trouvé " Portland " intéressant, mais nous avons vu un beau coucher de soleil depuis " Cape Nelson ". Le lendemain, réveillés aux sons des oiseaux, nous sommes allés à la plage pour le petit déjeuner en regardant le lever du soleil. Nous nous sommes arrêtés sur de belles plages au gré de nos inspirations ou des folies de la nature. Le site de " 12 Apostles ", ne nous a pas paru si unique et nous avons dû en partager la vue avec des centaines d'autres touristes, alors qu’un peu avant à l’ouest, nous avons vu les mêmes " tours de rocher blanc sortant de l’eau ", absolument seuls au monde. Au titre des arrêts sympa, je recommande une halte café ou petit déj’ à " Port Fairy ", ainsi qu'un passage à " Basalt-wines à Killarney " pour y déjeuner.

Nous avons terminé notre voyage victorien (région de Victoria) à Melbourne où nous sommes restés quelques jours, traînant avec notre bien sympathique famille australienne, ainsi qu'avec l'équipe des salles de " Northside boulders ". Nous avons ouvert plusieurs lignes de bloc, lors de leur compète de Noël, dans leur salle de " Brunswick ". C'était plutôt agréable de déambuler avec une équipe bien cool menée par " Reuben ". Nous avons aussi eu l'opportunité d'encadrer une séance de coaching avec une équipe de jeunes locaux à la nouvelle salle de " Northcote ". Outre le fait que Melbourne est situé juste à côté de l'océan et à seulement 3h des Grampians, il y a des quartiers vraiment conviviaux comme " Brunswick " proposant des petits restaurants à l'ambiance décontractée, dans une atmosphère multiculturelle.


Pour conclure

Les Grampians sont beaux et riches de tellement d'opportunités de se poser sur du caillou. Du classique. Du nouveau. De l’intact. Le rocher est magnifique, nous donnant l’impression de vivre dans un monde très coloré pendant un mois. Nous nous sommes sentis juste assez éloignés de tout, profitant d'une nature sauvage et de grands espaces. Tant d'animaux aussi, tous les jours nous avons vu un animal endémique, foultitude d'oiseaux colorés, des wallaby, émeus, marsupiaux ou autres lézards mutants.



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A cause de la chaleur, évidemment, nous ressentons de n’avoir pas pleinement profité des Grampians et de la région. Nous n'étions pas suffisamment dans le bon créneau saisonnier. Nous avons aussi manqué de grimper au Mont Arapiles, si proche de nous. Cela a rendu notre "au revoir" au pays un peu triste, impuissant d'avoir pu en profiter plus ... mais en même temps, nous sommes tous les deux convenus que nous reviendrons, qui sait combien de temps, car notre appétit de prospection australienne est intacte et sera satisfaite.


Les réalisations

Voies

Que du 4 étoiles quasiment,

Krankandangle, 7a+

Dial-a-lama, 7a+

Manic Depressive, 7a+

Menstruals as anything direct , 7b

Touchstone Picture, 7c+

Tyranny , 8a

Serpentine, 8a (5 étoiles)

Eye of the Tiger, 8a (5 étoiles)

Flying Duck, 8b+

The invisible fist 7b+ (5 étoiles)

Archimede Principle, 7b (5 étoiles)

Blocs

Lygon St Massacre , 6B

Good man down, 6B

Fashion, Gramps, 6C

The Pummelling, 6C

Master bates, 7A

Wimmel Friedhoff, 7A

Hands up, 7A

Riding shotgun, 7B

Hands down, 7B

Falsh Gordon, 7B

The Nevin Rule, 7B

Rise of the machines, 7B

Mr Knox, 7B

Mr Fox, 7B

Bitch slap, 7B

Underhanded tactics, 7B

Caffeinator, 7B+

Ammagamma Stand, 7B+

Cold hands Cold heart, 7B+

Pump Action, 7C

Cave man, 7C

Etch-a-sketch, 7C+

Butcher's Choice, 7C +

When we were Kings, 8A

Topos

Dans la salle de bloc " Northside ", à Melbourne, quartier de " Northcote " .

Nourriture

Rien qui sorte de l’exceptionnel au regard de notre culture culinaire française. Au titre du quotidien, on peut souligner l’abondance (donc de prix abordable) de la viande d’agneau. Nous ne nous en sommes pas privés lors de nombreux barbecues... On peut de plus constater une réelle diversité culinaire grâce aux restaurants multiculturels, notamment asiatiques.