Août à la maison
14 novembre 2017Je suis partie de la maison pour mes études, en 2010 pour Besançon, en 2013 aux Etats-Unis, puis en 2014 à Montpellier. Cela faisait donc 7 ans que je n’avais pas passé plus d’un week-end dans la région où j’ai vécu 20 ans de ma vie. Il fut donc bien agréable d’y passer un mois, en août dernier, libre de toutes contraintes scolaires et professionnelles. Entre visites amicales et familiales, entre paperasses administratives et autres vaccins contre les maux du monde, nous avons eu beaucoup de temps, avec mon père, pour explorer les nouveaux secteurs de couennes au nord de Beaune. Ce sont de nouveaux spots développés par un visionnaire infatigable dont j'apprécie la trace pour avoir parcouru plusieurs de ses projets de développement, toujours avec le même intérêt et le même plaisir. Gamine, j'entendait des récits dantesques sur le personnage, tous relevant d'une fantasmagorie devenue mythologique avec le temps. Je me le représentais mesurant 3m de haut et large comme 2 armoires, certainement fort comme un turc.
... et puis, quelques années plus tard, j'ai découvert non loin de chez moi, le " petit et le grand cirque ", à la " combe à la vieille ", sur la route de Bouilland, en Bourgogne. Parmi tous nos petits jardins de " la cote " bourguignonne, j'ai compris que le personnage aura laissé une empreinte singulière dans le développement de notre pratique " lithophage ". Il y aura tracé des lignes qu'aucun imaginaire ne retient, parfois audacieuses, nécessaires, ou élégantes, ou utiles, parfois visionnaires pour la patience quelles ont imposé avant qu'une génération nouvelle les solutionne. Merci Jean-Jean, ne change rien à la manière.
Nouveaux secteurs de couennes
La roche percée
Situé à quelques minutes avant Bouilland (en venant de Savigny), ce secteur s’atteint en se garant à l’Abbaye de Sainte Marguerite. Après être redescendu 150m sur la route d'arrivée, le sentier d'accès se trouve sur la droite, 10m après un portail métallique à 2 vantaux, au niveau du panneau « propriété privée ». Après 5-6 minutes de marche à plat au milieu des mûriers, le sentier débouche sur une descente bien marquée qui fait passé sous une arche de rocher, appelée la " roche percée ". Le secteur de grimpe se trouve à sa sortie, juste en dessous sur la droite, avec 2 voies 7b et 7a (mur dalleux à placements), 2 voies dans le 6, suivies d'une série de voies dans le 8 jusqu’à 8b+. Les voies ouvertes, une douzaine, sont relativement courtes ( 20 à 25m ), mais le rocher, compact et rugueux, offre de belles lignes aux gestuelles variées. Au cours de plusieurs visites durant le mois, je réalise « croix de secteur » en enchaînant toutes les voies proposées. Pour les puristes du beau geste aux limites de l'audace, du feeling, et du ralenti, " Ste Marguerite (8b) " est " Le " must incontournable du secteur.
J'ai notamment réalisé la FA du projet « Bonne pioche ». Je mettrais 2 runs de travail pour résoudre la ligne, et compte tenu de ses voisines, je trouve ma résolution plus technique et un poil plus rési que " la cerise sur le gateau (8b+) ". Alors certes, une autre résolution peut voir le jour, mais en l'état, je propose la ligne à minima 8b+... à peut-être nuancer par un prochain challenger. La ligne s'amorce sur de bonnes prises, jusqu’à une dernière zone de repos confortable sur verticales/inversées à l'extrémité gauche de l'écaille. Au passage, j’ai croisé une chauve-souris au fond de la plus large échancrure sous cette grosse écaille.
Perso, j'engage le crux avec une inversée main G la plus décalée possible, puis une descente main D assez basse, à droite sous une inversée plate à bien comprimer. Je verrouille la position en calant une lolotte pied G très haut, pour croiser ensuite main G sur une réglette en forme de cube au milieu du mur. Il faut plutôt bien y placer les doigts car elle va devoir gérer une longue séquence... Les bras ainsi tentaculés à la verticale, enlever la lolotte demande un bon gainage, car cela engage une bonne ouverture de porte. De ce contrôle délicat et assez à doigts, il faut prendre une première inter main D pour décaler le pied D très loin à droite, puis remonter le pied G d’un cran, pour ensuite attraper une deuxième inter main D. Se hisser pour relancer enfin sous une inversée, toujours main D. Ce sont donc de nombreux mouvements de pieds et de mains D qui se font en gardant toujours la même réglette en main G... devenue douloureuse avec la durée. Evidemment, ça va de soi, l'inversée main D à l'arrivée de la séquence est plutôt exigente à remonter... pour ma taille. S’en suivent alors des remontées de pieds délicates et des verticales à doigts, parfois en épaule, jusqu’à de bonnes prises plus haut à gauche où il est possible de bien récupérer. La voie se finit par deux gros blocages bras G, néanmoins bien plus faciles que la longue séquence à crux du bas. Au bilan, de p3 à p5/6 la séquence est de type bloc, variée techniquement, physique à doigts et délicate en pieds. Lors de mon enchaînement, je ne clippe pas p4, pour ne pas altérer ma cadence gestuelle et ainsi, ne pas entamer ma capacité de rési sur cette accumulation continue de mouvements.
A noter 2 arguments exceptionnels, susceptibles de retenir l'attention des grimpeurs que rien ne retient : ce secteur ne voit probablement jamais la pluie, ni à l'automne, ni au printemps, du fait d'un ventre déversé, bien prononcé au delà des relais, défiant ainsi la doublette des Zeus et Jupiter réunis qui se liguent parfois sur la région. De plus, en plein cagnard estival, l'ombre est permanente, et phénomène peu fréquent en été, elle se conjugue à une fraîcheur permettant toutes les audaces de contact. Ceci dit, l'absence de lessivage naturel conduit à quelques toiles et dépôts de poussière sur les bossages, règles et cupules... qu'il conviendra peut-être de brosser sur un premier run.
VIDEOS (qualité GoPro, de loin et avec peu de luminosité) : Voici un petit aperçu de la gestuelle des voies dures du secteur, avec les crux des 8b+ « Bonne pioche » et « la Cerise sur le gâteau ».
TOPO : Topo de " La roche percée " à télécharger sur le site de Jean-Yves SALIN http://foudegrimpe.canalblog.com/pages/la-roche-percee/27559356.html
Le Renard
Très court secteur vers Collonges-les-Bévy dont je n’aurai profité qu’une journée, les températures étant un peu trop élevées pour les croûtes qu’il propose, et un de mes doigts étant douloureux aux articulations. Néanmoins, j’ai bien apprécié les quelques voies réalisées lors de cette journée comme « Belle, Belle, Belle » 7a+ bien déstabilisant pour une échauf’, et « Mégalithe » 8a+/b à calages, inconfortable à souhait dans la remontée d'une fissure en deuxième partie. (note : une prise majeure a cassé dans l’accès à l'écaille inverse, ce qui durcit un peu la "difficulté" mais passe encore). Plusieurs voies sont en attente de réalisation sur ce secteur, comme « Anonymous », dévers aux préhensions spartiates dont je solutionne tous les mouvements par des équilibres improbables sur des pieds à ne pas décharger, mais dont l'enchaînement me paraissait inenvisageable ce jour, pour son exposition plein sud et la température qui en découle... de plus l'exigence technique et ma douleur au doigt ne m'aura pas permis une accumulation de charge au delà d'un gros run de travail. En toute fin de journée, je solutionne aussi, sans pour autant enchaîner, tous les mouvs de " haut de colonne " particulièrement incommode au moindre relâchement et qui entame jusque dans les clipages de points. Globalement, dans le très dur, ce secteur est sur le podium des plus exigeants de la région.
Les Balcons
Au dessus de Bouilland, au Nord, les Balcons offrent des voies de plus grandes envolées, notamment les deux 7a « Passage à l’acte » et « Doigt d’honneur » à gauche du secteur. Les lignes de ce spot se rapprochent plus des voies du coin, entre Bouilland, Arsenant et la Combe à la vieille. J’ai préféré ce secteur à celui du Renard, car même si certaines voies sont également teigneuses, elles déroulent un peu plus en longueur et les gestuelles sont plus variées techniquement.
J'y ai solutionné tous les mouvs " du Bleu dans les yeux ", encore une fois sans pour autant enchaîner, encaissant un peu trop le coût des douleurs aux doigts, héritées d'une certaine générosité à solutionner les lignes du secteur "Renard". Exposé plein sud, ce secteur est probablement idéal durant l'automne et l'hiver.
Retour au secteur de blocs, Beaune
Avec l’arrivée de Josh à la fin du mois d'août, nous sommes retournés au secteur de bloc au dessus de Beaune, où il avait réalisé il y a 2 ans « Belly full of Raclette » (repère : monter au parcours sportif). Cette fois-ci, les températures étaient beaucoup plus chaudes, et nous avons dû attendre le début de soirée pour espérer voir un enchaînement. Cela a laissé le temps de défricher les blocs, « Belly » pour moi et une voie sur la proue à gauche pour Josh. Il me manquera une fraction de mouvement pour finir le réta.
Josh, quant à lui, a enchaîné son projet qu’il était venu tenté plus tôt dans l’année. Le tracé se situe sur le bombé à gauche de " Belly ". La ligne se caractérise comme, physique, à compression... et fait usage d'un talon monstrueux assez difficile à retenir. Il va de soi qu'il n'est fait aucun usage du moindre contact avec le flanc droit du dièdre. Le secteur est à présent assez étoffé, avec 5 lignes dans le 5 et 6, 2 voies 7a et 7a+, un 7c et un 8a.
- VIDEO : la première ascension de « Hot Tapenade », 8A.
A noter un joli 7a remontant exclusivement le flanc droit du dièdre, en partant du fond et en traversée, pour rejoindre la sortie de " Belly ".
Un joli 9 XX
Je suis tata ! Je peux facilement dire que c’est le plus joli crux de ce mois en terre bourguignonne, avec l’arrivée de ma petite nièce Eluna.